quelques réactions de camarades soutenant ma démarche, par mail
Jean-Pierre,
Je te reviens avec retard et m’en excuse mais j’ai beaucoup voyagé ces derniers temps.
Je suis terriblement choqué de ce qui t’es arrivé car j’espérais que notre cher collège était resté à l’abri de ce genre d’horreurs.
J’ai bien sûr connu le Père Lamande mais n’ai pas eu à subir de sa part les comportements dont tu fais état. Ni d’ailleurs d’autres prêtres et je réalise aujourd’hui la chance qui a été la mienne
Je suis d’autant plus horrifié que le Père Lamande, de tous les jésuites que nous avons croisés au collège, était probablement le préféré des familles aussi bien parents qu’enfants.
J’approuve totalement ta démarche et espère que ces faits seront rendus publics, en espérant que la hiérarchie « Jésuite » aura le courage d’affronter le problème et de le dénoncer avec force.
Enfin sache que j’admire ton courage d’avoir fait cette confession ainsi que la force qu’il t’a fallu pour porter ce lourd fardeau pendant tant d’années en face d’une « bonne morale » chrétienne ou laïque (peu importe) qui a tout fait pour culpabiliser les victimes et protéger les agresseurs.
Je suis de tout cœur derrière toi (et ceux qui n’ont pas encore pu parler).
N’hésite pas à faire appel à moi si tu as besoin d’aide dans tes démarches.
Amicalement.
Cher ancien,
J'ai été bouleversé par votre témoignage, par ce que vous avez vécu au "petit collège" que j'ai fréquenté plus tard que vous au milieu des années 60. Je ne vous ai pas répondu parce que, Dieu merci, je n'avais pas été victime de de tels agissements de la part du père Lamande, dont je me souviens, parce qu'effectivement il avait une relation chaleureuse avec les petits garçons que nous étions, y compris grâce à son train électrique. Même si je me suis toujours posé des questions sur les vertus spirituelles du train électrique, heureusement cela n'est jamais allé plus loin, peut être parce que j'ai eu la chance de ne jamais participer aux camps auxquels il est fait allusion.
Cependant, certaines des réactions auxquelles vous avez fait face me poussent à sortir du confort apparent du silence.
Sans le moindre désir de remuer du "linge sale", je tiens à vous dire que je comprends et partage le sens de votre démarche, d'autant plus qu'elle exclu toute idée de vengeance, comme vous le soulignez, puisque le père Lamande n'est plus de ce monde. Je tiens à rendre hommage au courage que vous avez eu et à la souffrance que cela a comporté pendant des années.
Il est du devoir de l'Église en général et de la Compagnie de Jésus en particulier de faire la lumière sur ces errements, qui se produisaient également dans d'autres institutions non religieuses, à une époque ou la société était moins sensibilisée qu'aujourd'hui à ces questions. Elle doit démontrer qu'elle a la force et le courage de les dénoncer et que cela ne constitue pas une généralité devant rejaillir sur toute l'Église pour la décrédibiliser. Cela me semble être dans la ligne du message de Benoît XVI (voir son récent voyage au Royaume-Uni). Cela me semble, en toute humilité, être aussi le devoir de la Société de Jésus, afin qu'elle puisse demeurer une référence pour les chrétiens, comme cela fut le cas pour mes parents réfugiés politiques en France, qui ne connaissant pas les écoles parisiennes pensaient que les Jésuites étaient un gage de sérieux suffisant pour ne pas devoir se poser d'autres questions.
J'ai également été bouleversé par le témoignage que vous avez recueilli d'un autre ancien. Même si j'ai eu des critiques sur l'enseignement à Franklin, en particulier sur son caractère élitiste (du moins à cette époque), je suis effondré que cela ai pu conduire un ancien à ne plus fréquenter l'Église et s'abstenir de donner une éducation chrétienne à ses filles. Heureusement, que j'ai eu la chance de bénéficier de l'enseignement d'autres prêtres (de "simples" curés de paroisses rurales dont le témoignage de pasteur était éloquent, mais aussi d'autres jésuites en Europe) pour me convaincre du message chrétien et de transmettre une éducation chrétienne à mes fils. Il faut éviter de laisser croire que les errements de certains, à l'égard desquels il faut avoir le courage d'être lucide, sont la réalité de toute l'Église. C'est aussi pour cela que votre témoignage est important et utile.
Sachez en tout cas que je comprends votre démarche et que j'espère que cela sera également le cas de la Société de Jésus pour vous exprimer l'horreur devant de tels agissements et pour éviter que cela ne conduise à tâcher toute l'Église et l'action de la grande majorité de ses prêtres qui ne se reconnaissent pas dans ces errements.
Cordialement
Cher Monsieur,
J'ai effectivement eu le Père Lamande comme aumônier au petit collège de Franklin.
Je n'ai eu aucun
problème avec lui, mais je n'ai pas non plus été en situation d'en avoir.
Vous avez toute ma sympathie.
Cordialement
J’étais au Petit Collège en 62 et 63 (8ème et 7ème).
Je garde un souvenir très précis du Père Lamande et de son petit train, ainsi que de sa bibliothèque.
Alors que de nombreuses rumeurs ont pu courir sur le comportement de certains Pères, je n’ai le souvenir d’aucune le concernant et j’aurais tendance à croire que vous avez été victime d’un instant d’égarement de sa part.
Il me semble que les Jésuites de Franklin étaient très sensibilisés aux risques pédophiles. Je me rappelle parfaitement ma mère me faisant part des questions insistantes que lui avait posées le Père Ravier, recteur à l’époque, après qu’elle lui avait dit, sans penser au double sens éventuel, que j’”aimais beaucoup le Père Untel”.
Mais j’en conviens, ce témoignage est fort peu factuel.