mail approuvant cette démarche
Mon cher Martin (que je ne connais pas...)J’ai été élève de la 8è à la Terminale à Franklin, que j’ai quitté en 1970. Je n’avais pas reçu ton message mais mon cousin (7 ans plus jeune que moi) me l’a fait suivre.Je suis bouleversé d’apprendre ce qui t’est arrivé ainsi qu’à d’autres. J’ai eu plus de chance que toi car je n’ai heureusement jamais subi ce que tu as subi mais je peux à toutes fins utiles te livrer en quelques lignes le témoignage personnel ci-dessous.
Je me souviens très bien du Père Lamande, de son train électrique et de sa personnalité rappelant un peu les « animateurs de showbiz » d’aujourd’hui, dans le mauvais sens du terme. Il était en effet « populaire » auprès de la communauté de Franklin.Il n’était pas mon confesseur car j’appréciais beaucoup le Père Gilles, Père spirituel de la 8è, que j’avais souhaité garder comme confesseur, comme on en avait le droit (cela a peut-être été ma chance). C’était un homme d’une grande modestie, très souriant.
Or un jour ma Mère, qui avait dû assister à une cérémonie quelconque, m’avait dit qu’elle trouvait le P Lamande « formidable » etc… et elle avait été surprise que je lui dise que je n’aimais pas qu’il me prenne sur ses genoux. Je trouvais que j’avais passé l’âge, cela faisait « petit garçon » mais rien de plus si ce n'est de l'agacement. Ma mère m’a répondu sincèrement que je ne devais pas réagir comme cela, que c’était parce qu’il m’aimait etc…En réalité, sans que je le sache, elle a eu ensuite des doutes dont elle s'est ouverte auprès de quelques mères de familles qui l’ont assurée qu’il n’y avait pas d’inquiétude à avoir etc …. Il était difficile dans ces circonstances d’en faire publiquement plus dans la mesure où ce dont je lui avais fait part n'était pas alarmant mais elle a néanmoins été jusqu’à mettre en garde sa cousine (la mère de mon cousin ci-dessus) qui a fait en sorte qu’il garde ses distances avec ce prêtre lorsqu’il a été lui-même en 7è quelques années plus tard.
De très nombreuses années après, nous avons entendu parler avec horreur de cette abomination, mais sans plus de détail. Je me souviens aussi au grand collège du P André qui s’occupait de la gymnastique, et dont les tendances évidentes en faisait plus la risée des élèves qu’un danger pour eux.En revanche, celui qui me mettait très mal à l’aise était M Boullé, surveillant général, marié, chez qui j’étais souvent envoyé (j’étais fort dissipé) et qui m’avait plusieurs fois menacé de châtiment corporels (on sentait qu'il aurait été heureux d'officier dans un collège anglais) ce qui me faisait frémir. Je me souviens parfaitement de questions inappropriées qu’il me posait, je sentais qu’il avait des frissons d’ordre sexuels quand j’étais dans son bureau et me tripotait un peu, mais il se contrôlait, avec difficulté, je pense. Je me souviens qu’il avait embrassé sur la bouche un camarade (en 1ère…) qui l’avait immédiatement répété à ses parents, lesquels avaient été se plaindre au P Lesage, préfet du Grd Collège, qui leur avait dit de ne pas attacher d’importance à cette manifestation de sénilité… déni classique. Je souviens qu’il était toujours présent à l’infirmerie pendant les visites médicales annuelles probablement pour voir en caleçon les petits garçons que nous étions, répugnant…
La manière dont la hiérarchie, parfaitement au courant de tels agissements, a pu couvrir ces malades dangereux est le plus scandaleux de cette affaire, et la manière dont ils avancent souvent à reculons pour reconnaître les faits passés est une insulte aux victimes et je comprends ta démarche. J’ose espérer au moins que de tels faits seraient impossible aujourd’hui dans un tel établissement, j’ai d’ailleurs encore un de mes 3 enfants à Franklin et je n’ai jamais entendu quoi que soit de cet ordre.
Crois bien, cher Martin, que je compatis très sincèrement à ta souffrance et j’espère vraiment que tu parviendras à trouver l’apaisement. Je suis bien évidemment à ton entière disposition par téléphone à un moment dont nous pourrions convenir si tu as des questions.
Merci, si possible, de préserver à ce stade l’anonymat de mon témoignage. Bien à toi