réponse du du général des jésuites
Le 17 juin 2016
M. J.P. Marlin Vallas
486 rue du Prof Henri Roseau
3407O MONTPELLIER
Francia
Cher Monsieur,
Je vous remercie de votre lettre du l juin dernier, tout récemment arrivée à
destination. Elle m'interpelle sur la façon dont la Compagnie de Jésus cherche à faire la
lumière sur les abus sexuels commis par l'un de ses membres et, sur un plan plus général,
sur la manière dont elle traite ces situations.
Les Supérieurs majeurs de la Compagnie de Jésus (autrement dit : les Provinciaux
ou Régionaux) doivent collaborer avec la justice des pays où de tels actes se sont produits
ou se produisent. Dans votre pays, le Supérieur majeur, quelle que soit sa conviction sur
le bien-fondé d'une accusation, encouragera le dépôt d'une plainte en justice. Si, après
une étape d'analyse des informations qu'il a reçues, il acquiert la conviction du bien-
fondé d'une accusation, il incitera le jésuite coupable à se dénoncer lui-même aux
autorités de son pays. À cette dimension judiciaire devront être liés soutien à la victime
et présence à l'accusé. Dès que cela deviendra possible (faits clairement établis, jugement
prononcé), le Supérieur majeur mettra en route le processus conduisant à prononcer des
sanctions prévues dans le cadre du droit de l'Église. Partout dans le monde, de très sérieux
efforts ont été faits, et sont faits, pour établir de telles procédures (ou « protocoles » ).
Les lignes précédentes s'appliquent aux cas où le jésuite accusé est vivant. S'il est
décédé, il ne peut y avoir d'action en justice à son encontre, alors même que la
responsabilité de la Compagnie de Jésus peut être questionnée. Les faits devraient pouvoir
être établis, mais par une autre voie, afin de pouvoir en examiner les conséquences et
d'identifier les solutions à apporter. Sur ce point, les manières de procéder varient d'un
pays à l'autre : la procédure adoptée en Allemagne diffère de celles suivies aux Pays-Bas
ou encore en Belgique (pour ne citer que ces exemples) sans que ces différences ne
traduisent de la malveillance ou de la négligence.
Dans l'état actuel des choses, toute personne qui souhaiterait contacter les
responsables de la Province de France pour formuler une accusation (pour des faits
mettant en cause un jésuite vivant ou décédé, ou encore une institution sous la
responsabilité des jésuites) trouvera, sur le site web de la Province de France, la démarche
à suivre.
Enfin, je souhaite rappeler une autre dimension de la politique suivie au sein de la
Compagnie de Jésus : la prévention. En ce domaine, de grands efforts sont réalisés pour
prévenir les risques d'abus sexuels commis par des jésuites ou plus largement dans le
cadre d'institutions (et de mouvements) placés sous la responsabilité de la Compagnie de
Jésus : formations, identifications de bonnes pratiques, etc. Les Provinces (ou Régions)
de la Compagnie de Jésus doivent offrir aux familles qui leur confient leurs enfants un
environnement protégé. La Province de France est également engagée sur ce chantier.
J'ai répondu à votre lettre en adoptant le plan général sur lequel vous m'interrogez :
celui de la politique de la Compagnie de Jésus. Je n'oublie cependant pas que votre
interpellation est la conséquence d'une expérience personnelle douloureuse que je
regrette profondément. La Compagnie de Jésus est consciente des lourds manquements
de certains de ses membres en ce qui concerne la protection des enfants et des personnes
vulnérables qui lui sont confiés, et elle est consciente des graves blessures ainsi infligées.
Elle s'engage à faire tout ce qu'elle peut pour assurer et promouvoir la protection des
enfants et des personnes vulnérables dans toutes ses institutions, communautés et
ministères.
Soyez assuré, cher Monsieur, de l'expression de ma considération distinguée.
Adolfo Nicolâs, S.J.
Supérieur Général
de la Compagnie de Jésus