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Le père Lamande, prêtre jésuite pédophile________il est conseillé de commencer par le message du 01/05/2010
29 avril 2020

l’intégralité des 9 réponses

-----1)

Cher Monsieur, 

Je prends enfin le temps de tenter une réponse à votre question.incial m’a d’ailleurs signalé que vous lui aviez envoyé la même question. 

Comme je vous l’ai signalé dans un message précédent, je suis moi-même gêné par la pratique trop habituelle que des prêtres se fassent appeler « père » voire « mon père ». A titre personnel, je n’ai jamais invité ni incité personne à faire cela à mon égard ; et quand les gens m’interrogent, je les décourage d’utiliser ce terme pour m’appeler. La première raison est, comme vous le soulignez, l’insistance de Jésus lui-même qui rappelle qu’on n’a qu’un seul Père, et qu’il ne faut pas non plus se faire donner le titre de « maître » car nous sommes tous frères. Ensuite en rencontrant des victimes qui ont été abusées par des prêtres, j’entends qu’elles relisent l’abus subi de la part d’un prêtre comme un véritable inceste. 

J’ajouterais que je suis aussi choqué par les nombreux autres titres qui sont utilisés dans l’Église. Vous en citez l’un ou l’autre, mais il y en a (hélas !) encore d’autres. J’y vois une forme de mondanité qui s’est infiltrée dans la communauté ecclésiale, alors que les insistances de Jésus sont extrêmement claires quant à la manière dont ses disciples sont des hommes de service. Les textes du Jeudi Saint (avec le lavement des pieds) sont limpides ; mais il y en a d’autres, notamment dans la suite immédiate des annonces de la mort et passion de Jésus, lorsqu’il monte vers Jérusalem (les apôtres s’y disputent pour savoir qui est le plus grand ou bien qui siégera à sa droite et à sa gauche). 

Je me réjouis que notre pape actuel ait des paroles sévères et des gestes clairs pour dénoncer le cléricalisme, et il n’a pas hésité à associer la lutte contre les abus dans l’Église au combat contre le cléricalisme. Il parle de la nécessité de « réparer l’Église ». Le risque, dans le cléricalisme, est de se prendre pour Dieu, de prendre la place de celui au service de qui on est. Le risque est de ne pas maintenir la distance avec Dieu – qui nous échappe toujours, qui nous dépasse toujours. Même si on consacre sa vie à Dieu, on n’est pas Dieu ! 

Chaque fois qu’il y a un dérapage de ce côté, le risque d’abus est fortement amplifié : le risque de manipuler autrui, de l’utiliser, de le détruire. 

Je vous rappelle : ceci n’est qu’une tentative de réponse, bien rapide et bien incomplète.
Bien à vous,
 

-----2)

Monsieur
Merci de votre mail auquel je vais essayer de répondre simplement, en vous disant comment je lis et comprends ce passage de Matthieu 23. Je mettrai quelques commentaires (les lignes qui sont avec une marge à gauche).
Mais d'abord, je veux vous dire merci de votre confiance après ce que vous avez subi de la part de ce Père Jésuite pédocriminel dont vous avez été la victime pendant dans votre enfance.

Mathieu XXIII 8-12
v. 8 Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères.
v.9 Et n'appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux.
v.10 Ne vous faites pas appeler directeurs; car un seul est votre Directeur, le Christ.

                Ces trois premiers versets, je les comprends de manière trinitaire.
                Le verset 8 fait allusion au Saint-Esprit, qu'on appelle souvent dans la tradition chrétienne "le Maître intérieur"
                Au v. 9, "votre père", le seul, c'est Dieu le Père. Quand j'appelle mon père "papa", je sais bien qu'il est mon frère en humanité et que nous n'avons qu'un seul Père -le même-lui et moi, comme tous les hommes. Je l'appelle "papa" parce que Dieu s'est servi de lui pour me donner la vie. Je ne peux donc appeler un prêtre "Mon Père" que de la même façon. Dieu se sert de ce prêtre pour me donner la vie nouvelle du baptême, la guérison du pardon, la nourriture de l'Eucharistie... Comme un père de famille, le prêtre est un relais de l'unique paternité de Dieu
                Au v. 10, Nous comprenons que le Christ que nous appelons "Notre Seigneur" est le seul Directeur. Même si dans les différentes civilisations, on a appelé ou on appelle des gens "seigneur", "directeur", "patron", car ils portent une responsabilité sur d'autres personnes ou une responsabilité d'ensemble, le Christ est notre seul "directeur". Il dit qu'il est "le chemin [donc c'est lui qui montre la direction, qui "dirige"], la vérité et la vie" (Jn14, 6).

v. 11 Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

                C'est vraiment ce titre de serviteur que Jésus revendique. Il suffit de se rappeler la leçon qu'il donne à saint Pierre au lavement des pieds (Jean 13, 12-15).

v. 12 Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé.
Pourquoi appelle t’on les clercs « mon père
                [là, je crois avoir répondu],
monseigneur, sa sainteté » ? et cela depuis des siècles.
                C'est idiot effectivement, et nous espérons tous que cela ne tardera pas à disparaître, ainsi Excellence,
Éminence...
Est ce que cela ne participe pas à la sacralisation des prêtres, qui leur permet de commettre, non seulement un abus d’autorité, comme le font les pédocriminels laïques,  mais aussi un abus d’autorité divine !
                On peut espérer que non. Ils ont ce pouvoir incroyable de donner la vie nouvelle par le baptême, de pardonner les péchés, de nourrir les enfants de Dieu avec le pain vivant descendu du ciel... Les parents ont aussi un pouvoir extraordinaire sur leurs enfants : leur donner la vie, choisir leur nom, leur donner une orientation éducative qui sera une marque indélébile dans leur vie. Toute mission merveilleuse comporte de grands risques quand on la confie à des hommes. Il y a aussi des parents captateurs, des cas de pédophilie beaucoup plus nombreux dans la famille qu'ailleurs... Mais la famille reste une institution merveilleuse et nous espérons pouvoir continuer à faire confiance aux parents, même s'il y a toujours de graves déviances parmi eux.

En tous cas, moi, je vous remercie de votre confiance et vous souhaite de Jérusalem toute la joie de temps pascal.
 

-----3)

Cher Monsieur, 

Le secrétariat de la Ciase m’a transmis votre questionnement.

D’abord je vous dis toute ma considération pour ce que vous avez subi dans votre jeunesse de la part de ce confrère, et je comprends qu’en ces temps de confinement imposé pour notre santé des questions graves reviennent à la mémoire.

Sur la question des titres que vous posez je dois d’abord dire que je suis d’accord avec vous, la société depuis longtemps « sacralise » l’autorité : au nom de la science, du savoir quand on appelle le médecin Docteur, ou mon général, ou Maître…les avocats et les notaires

-          au nom du pouvoir quand on parle de Ministre, de président ou de Préfet, par exemple.

-          au nom du respect pour ce qu’il représente, c’est-à-dire la foi en Dieu pour le Pape, l’évêque ou le prêtre ou le religieux, l’homme ou la femme qu’ils sont ne sont que l’instrument de la Parole de Dieu. Le langage courant ne considère qu’une pratique sociale et pas plus, mais chacun doit se considérer comme un témoin et non comme un dignitaire ayant de lui-même un « pouvoir sacré ». Toute mission dans la foi ne peut être portée que dans l’humilité et non l’orgueil d’un grade supérieur.

-           Mais nous ne sommes que des humains parmi d’autres, fragiles comme les autres.

La « sacralisation » vient de la société médiévale surtout quand on a fait des évêques et des prêtres des seigneurs parmi les autres autorités de la société, le titre de Monseigneur (qui a donné le titre actuel de Monsieur) était tout autant celui des rois et de leur famille, il fait partie des titres féodaux chez nous, les italiens nous appellent plutôt Excellence, ce qui n’est pas mieux.

Pour moi ce qui est sacré, ce n’est pas moi, mais celui  à qui j’ai offert ma vie par conviction évangélique.

Jésus comme saint Paul aux Ephésiens écrit que toute « paternité » vient de Dieu, être père c’est donc recevoir de Dieu pour faire naître d’autres, les élever, les conduire à leur autonomie. Et symboliquement cela traduit bien ce que nous espérons pouvoir réaliser en acceptant de Dieu cette mission par l’Eglise.

Malheureusement cet engagement peut être perverti par l’orgueil, l’égoïsme ou même parfois l’immaturité d’une existence mal assumée. Vous en avez gravement souffert.

Voilà quelques réflexions que je vous propose.

Je vous assure de ma prière et de mon dévouement  en ces temps difficiles de confinement pour beaucoup.

-----4)

Monsieur, 

Effectivement le point que vous soulevez fait l’objet de réflexions et d’initiatives diverses au moins depuis le Concile Vatican II, mais comme vous le dites, nous sommes dans une longue tradition qui a aussi un sens au-delà des dévoiements humains.

Il y a à distinguer les titres honorifiques (Monseigneur, Sa Sainteté…) et la question de l’appellation « Père ». Pour la première catégorie, lors du Concile un certain nombre d’évêques ont signé un engagement personnel qu’ils souhaitaient s’aider à vivre (le Pacte des Catacombes, du nom du lieu dans lequel ils ont célébré cet engagement). Outre des choix de vivre une pauvreté plus grande, ils choisissent aussi de vivre une plus grande collégialité, non seulement entre évêques, mais encore, dans leurs propres diocèses en écrivant « Nous nous engageons à mettre notre vie en commun par charité pastorale, avec nos frères dans le Christ, prêtres, religieux et laïcs, pour que notre ministère soit un vrai service. Ainsi nous efforcerons de revoir avec eux notre vie etc. » (il est à noter que les termes laïcs et frères ne signifiaient pas « rester entre hommes » pour ces pratiques de collégialité). Et je crois que ces éléments sont des éléments de base pour travailler à un plus grand équilibre des vies des uns et des autres et sans doute pour limiter les risques de possession de l’autre ou même aider à en repérer les attitudes qui pourraient en être des signes avant-coureurs. 

Sur le deuxième volet de la question, ces mêmes évêques, refusant alors de se faire appeler « Monseigneur » etc. écrivent cependant « préférer être appelés Pères, ce qui est un terme évangélique », tout en éclairant leur engagement des passages Mt 20, 25-28 ; Mt 23, 6-11 ; Jn 13, 12-15 pour mettre en évidence la priorité de l’attitude du serviteur. Nous voyons bien là que la recherche d’un terme juste est loin d’être terminée. 

Comme cette question des titres ou appellations a-t-elle été reprise depuis lors ? De mon côté, je n’hésite pas à dire qu’elle n’a pas été reprise de manière collective faisant travailler les chrétiens et chrétiennes de toutes catégories. Elle a même été plutôt oubliée (même si certaines congrégations religieuses ont plutôt favorisé le recours à l’appellation « Frères » que les intéressés soient prêtres on non). Je ne pense pas que ce soit par désintérêt, volonté de garder un pouvoir etc. C’est sans doute par une très grande difficulté à rendre compte des différences qui aident à structurer un corps d’une manière et précise et partagée par l’ensemble alors qu’une forte tradition existe. 

Mais, la question que vous soulevez est importante. Importante pour ceux qui se font appeler ainsi (Père, Maître etc) et qui doivent s’interroger sur ce que cela signifie en vérité (et j’ai connu et connais encore des prêtres dont des compagnons jésuites qui demandent à leur interlocuteur d’éviter cette appellation). Importante pour celles et ceux qui s’adressent à des « frères dans l’Eglise » de cette façon, afin qu’ils vérifient jusqu’où ils demeurent conscients de l’humanité de la personne qu’ils ont en face d’eux, humanité qui comprend aussi ses faiblesses et son péché et vis-à-vis desquels ils ont à vivre eux aussi l’appel de Jésus « quand ton frère vient à pécher… » (Mt 18, 15-21 ; certains pouvant cependant faire remarquer que ces propos de Jésus ne sont pas adressés à tous mais aux disciples). 

Voilà où j’en suis personnellement de ma réflexion sur ces points. Peut-être auriez-vous espéré un engagement plus ferme ; je crois que nous sommes conduits, sur bien des points remettant en jeu des pratiques séculaires, à des marches progressives qui s’origineront dans une prise de conscience intérieure à travailler dès à présent. 

Je vous souhaite, en particulier en ces périodes de confinement, que la Paix et le Joie que nous promet le Seigneur ressuscité jouent leur rôle de boussole dans nos existences. J’espère aussi que l’épidémie ne vous a pas menacé ni atteint les vôtres. 

Cordialement.

-----5)

Good day, 

yes, the danger of using “Father” in a patronizing way is real – for anybody who is called “father”, for priests as well as for biological fathers (in a literal sense the verses you quote refer to “family fathers”, who we shouldn’t call “fathers”). 

Fathers—and mothers—are not just biological realities but symbols as well. The role and work that parents perform in the raising of children naturally lends itself to this symbolism.

This symbolic understanding of parenthood goes back to biblical times. In 1 Cor. 4:15, St. Paul uses his own life as a model for Christian living. Paul reminds the Christians of Corinth that it was he who brought the faith to them. “I became your father in Christ Jesus through the gospel,” he writes. Though he sometimes has to engage strong emotions in his letters, Paul seems to prefer a tone of gentle reproof: “I am writing you this not to shame you but to admonish you as my beloved children” (1 Cor. 4:14). It is easy to see why he presents himself as a spiritual father.

When Matt. 23:9 is read in context, it is apparent this commandment comes after a story where Jesus contrasts a sincere religious leader, who practices what he preaches, with one who fails to follow the teachings he conveys. Jesus is not insisting that we avoid using the word father in all metaphorical senses but that we recognize that only God can be perfect; only God can fulfill the role of the sincere religious leader. 

Of course, we should  recognize the limitations of this terminology. People are not perfect, and this applies to both biological and sacramental fathers. And fathers (or mothers) don’t accomplish their work alone. Entire families and communities are necessary to raise a child. This fact serves to remind us that everyone has a place in the church and everyone has a job to do, not just the fathers.

------6)

Monsieur, 

Le texte que vous mentionnez est souvent repris et beaucoup demandent pourquoi les prêtres sont appelés « père ». Le titre de base entre chrétiens devrait être « frère ou sœur ». Le mot « Père » rappelle que l’unique paternité de Dieu, et cela est lié au célibat.

C’est certainement un sujet qui peut beaucoup évoluer.

Il en va de même pour les titres de monseigneur ou sainteté. Mais il faut bien s’appeler. On pourrait dire Monsieur l’évêque ou Monsieur le Pape, mais ce n’est ni très joli ni très drôle. Beaucoup de gens prennent des libertés.

Il faut de la patience et de la persévérance.

Recevez, Monsieur, l’expression de mon dévouement, 

-----7)

Cher Monsieur

effectivement, vous avez raison, et il me souvient que quand j'étais jeune prêtre je n'aimais pas que l'on m'appelle Père, surtout de la part de personnes plus âgées que moi. Dans mon diocèse de xxxx, autrefois les prêtres avaient gardé la tradition sulpicienne de s'appeler entre eux "Monsieur", et dans les paroisses, on nous appelait l'abbé, ou M. l'abbé. Cela nous fait revenir à des périodes historiques ou les appellations se faisaient à partir de la charge ou de la fonction que l'on avait, et remonte aux époques féodales de l'Europe. c'est à cette époque aussi que sont apparues les appellations civiles telles que "Majesté, Sire, Seigneur, Mon Seigneur, Mon Sire, messire, votre Altesse" qui ont été copiées dans le monde ecclésiastique. On disait donc aussi : Monsieur le Curé (celui qui la "cure" d'une paroisse", et bien d'autres titres...

D'autres façons sont apparues avec les ordres religieux mendiants : ainsi les franciscains et les dominicains, apparus au XIIIe siècle, se faisaient appeler "frère" par réaction, conviction et humilité. C'est peut être avec l'apparition des ordres religieux plus modernes, tels que les Jésuites, qu'est apparue l'appellation religieuse de "Père" que vous épinglez, mais elle n'était pas la seule: certains se faisaient appeler aussi "Dom", ou "Don, ce qui est une abréviation du latin "Dominus".

le cléricalisme auquel vous faites allusion n'est pas le seul en cause, il y a aussi les systèmes de pouvoir que traduisent les appellations dans la société civile: il faudrait même remonter aux empereurs romains qui avaient l'audace de "sacraliser" leur personne comme divine, et devant l'effigie de laquelle il fallait offrir un sacrifice: pour cela, bien des chrétiens sont morts martyrs. Les empereurs romains, ainsi que les pouvoirs totalitaires que nous avons connus, justifiaient bien des asservissements, des horreurs et de crimes par cette notion de sacralisation de l'autorité. 

Jésus indique donc dans l'évangile qu'il faut se situer en toute liberté devant n'importe quel pouvoir et ne pas l'absolutiser. Tout pouvoir inclut comme revers la notion de domination, alors que Jésus propose la notion de service, à travers le passage que vous citez et dans bien d'autres,comme le lavement des pieds, où il se dit bien "le maître et le Seigneur".  

Par ailleurs le cléricalisme  que je suis d'accord avec vous pour dénoncer, comme le fait aussi le Pape François, est autant le fait de ceux qui l'exercent que de ceux qui le perpétuent par leur soumission passive. Je vois aujourd'hui des victimes qui disent : "je n'ai pas été cru", "on ne remettait pas en cause l'image du prêtre... etc".

La crise que nous traversons aide donc à la prise de conscience que vous souhaitez, en faisant descendre du piédestal certains qui se croyaient "au dessus" et n'avaient plus le respect de l'autre, et plus spécialement du petit.

Mais je ne vous suis pas entièrement si vous pensez que que c'est tout un système qui aurait favorisé cela. Cela induirait que tous ceux que l'on appellerait " Père" seraient forcément des déviants potentiels : or il y a , et il y a eu de nombreux prêtres généreux, éducateurs, compatissants: pour ma part, j'ai vécu depuis mon enfance dans des colonies de vacances et des pensions où jamais, ni moi ni aucun camarade (j'en ai interrogé beaucoup) n'avons été agressés.

Les déviations ont toujours existé, et plus particulièrement dans les familles, où il était encore plus difficile de remettre en question le père, le frère, l'oncle ou le grand père: je connais des cas bien précis où le secret familial était bien gardé , au détriment de l'aide la plus élémentaire aux victimes qui se trouvaient renvoyées à leur solitude au nom de l"honneur familial".

Vous savez que je travaille avec des professionnels tels que le Dr Lacambre, pour essayer de comprendre quels sont les processus internes et psychiques qui induisent ces déviations mortifères. il y a en effet parmi ces processus l'abus d'autorité, mais il y a aussi la sexualité mal éduquée ou mal placée, la violence latente, l'abus du secret, le clivage, etc.. : c'est très complexe, mais d'autant plus digne d'intérêt que cela aide à travailler aussi sur la prévention, et aussi le discernement envers ceux qu'il faut écarter dans les séminaires et les maisons de formation.

en tout cas merci de votre interpellation, cela m'a donné l'occasion de réfléchir dans le confinement où nous sommes : en tout cas je suis ces jours-ci attelé à la rédaction d'une sentence de nullité de mariage, avec à la base l'inceste subi par une des parties, origine de bien des troubles qu'elle a manifesté ensuite..

Bonnes Pâques

-----8)

Monsieur,

merci de votre courrier, je me souviens parfaitement de vous même si dix ans se sont écoulés. Je vous réponds très brièvement parce que malgré le confinement mon activité continue.

Par rapport à votre question légitime, j'aimerai dire d'abord que nous devrions effectivement nous appeler "frères" parce que par et dans le Christ nous sommes tous fils d'un même Père. C'est la raison de la réforme de St François d'Assise et de St Dominique. Dans l'ordre dominicain les prêtres sont aussi appelés frères, de même les franciscains.

Les titres sont apparus très tôt dans l’Église parce que nous avons besoin aussi de figures humaines qui nous renvoient à notre Père du ciel et au seul maître le Christ. Dans l’Église "tout pouvoir" était compris  comme le service de la croissance d'une personne, comme le Christ serviteur aux pieds de ces disciples pour les faire grandir.  Mais en particulier la figure de paternité n'a été investie que sur un seul moment : celui de l'enfance. Au départ de notre vie humaine, le père est celui dont on dépend entièrement pour grandir. Cependant l'enfant grandit devient autonome et  devient  l'égal du père à l'âge adulte et à la fin de sa vie il est celui que le fils aide à vivre. On a oublié ces deux moments qui suivent l'enfance et c'est très dommageable, parce que le côté dépendance du point de départ n'est là qu'en vue de l'autonomie et de la liberté de l'adulte. Et on voit bien à quelles perversions cet "oubli" peut conduire humainement et spirituellement.

Il est donc urgent aujourd'hui de favoriser une vraie fraternité dans l’Église et dans le monde pour mieux entendre que tout service d'autorité n'est là que pour la croissance de la liberté et le respect de la dignité de chaque personne.

J'ai bien conscience qu'il faudrait une réponse beaucoup plus complète par rapport à l'histoire et la théologie. Mais les "titres" ont été un des facteurs  de sacralisation des prêtres qui chez certains ont conduit à des perversions graves.

Bien cordialement.

-----9)

Eh oui, vos réflexions sont justes. L’Écriture dit quand même que "Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures" et ça je ne peux pas le changer.

Jésus nous a parlé d'un Père de Miséricorde, voir le chapitre 15 de l’Évangile selon st Luc. Suivant les moments et les époques l'accent a été plus ou moins mis sur le pardon des péchés. Le concile Vatican 2 nous avait fait sortir d'une traversée janséniste où l'on était jamais assez pur pour recevoir le corps du Christ. Par certain coté la tendance est d'y revenir, ce qui n'est pas la seule position de l'Eglise ... Il faudrait relire st Irénée notamment.

Quant à l’appellation "père, monseigneur, sainteté" il nous est bien difficile de nous en défaire malgré la parole de Jésus à laquelle vous faites référence !

L'appellation "frère" serait bien plus juste mais ...

Bonne continuation     Bonnes fêtes pascales. 

 

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2/05/2010 raisons de ce blog : le père Lamande S.J. prêtre pédophile
Le 1/05/2010, j’écrivais ceci :

Ayant été victime d’agissements pédophile de la part de ce prêtre il y a une cinquantaine d’années, et poussé par une forte motivation intérieure, j’ai décidé de parler, d’interroger mes camarades de l’époque et d’interpeller la société de Jésus.

Ce blog expose l’ensemble de mes démarches et de mes résultats, de manière chronologique. 

Un an plus tard, soit le 5/05/2011, ayant recueilli sept témoignages d’autres hommes ayant été abusés par ce prêtre, je me repose, et on me repose la même question : pourquoi continuer mon action, et ce journal qui en rend compte. 

Ma première réponse est : « je ne sais pas » ; j’obéis à une force intérieure qui me demande de continuer.

Mais je peux aussi expliquer et rationaliser mes objectifs, qui sont au nombre de trois :

  1. Il faut que la vérité de ce qui c’est passé entre ce prêtre et les enfants sous sa responsabilité soit établie, connue et reconnue. Et il reste encore un grand chemin à faire, et des interrogations à satisfaire. A mon sens le nombre de huit agressions connues, ne reflète pas du tout la réalité, qui doit être bien supérieure. Mes mails n’ont pas touché plus de dix % des enfants qui ont connu le père Lamande. Par ailleurs, des témoignages indiquent que la hiérarchie de franklin était au courant, ce que nie l’un de ses membres. Enfin, d’autres témoignages laissent à penser que le départ du père s’est fait à la demande de parents d’élèves, pour des raisons d’accusation de pédophilie.

  2. Il faut que tous les enfants qui ont été agressés par ce père aient une chance de parler. J’ai compris, pour moi-même, et en recueillant les sept autres témoignages, à quel point cette expression était importante. Pour beaucoup, c’était la première fois qu’ils en parlaient à leurs proches, et même à leur femme.

  3. Plus jamais ça. Je veux dire par la qu’il convient de tout mettre en place pour éviter de tels agissements, et aussi pour que d’éventuelles victimes soient encouragées à parler le plus tôt possible. Quelques mesures ont certes été prises par l’église catholique de France, mais je suis loin d’être convaincu de leur pertinence.  

De manière accessoire à cette démarche, on pourrait aussi rechercher s’il y a plus de prêtres catholiques pédophiles dans les institutions d’enseignement pour les enfants que de non-prêtres ou de prêtres mariés d’autres religions, et le cas échéant, se demander quel est l’impact du célibat des prêtres catholiques. 

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