A FRÉDÉRIC MOUNIER, COORDINATEUR DES GROUPES DE TRAVAIL POST CIASE POUR LA CORREF
Bonjour
je m'adresse à vous en tant que coordinateur des 5 groupes de travail de la Corref
j'ai une observation à vous faire et une question à vous poser
l'observation concerne la transparence du travail de ces groupes
La CEF a eu la même démarche que vous, mais elle a publié in extenso, sur son site internet, les 250 pages du rapport des groupes de travail, ainsi que les propositions de décision à prendre ; la Corref n'a malheureusement rien publié à part une note de 2 pages de sœur Margron qui dit que la position de la Corref ne sera étudiée qu’en novembre 2023 faute de temps
Ma question porte sur la recommandation numéro 30 du rapport de la Ciase ; est-ce que cette recommandation a fait l'objet d'une étude d'un groupe de travail ? quelle est la position de ce groupe sur cette recommandation, en attendant de savoir la position de la Corref ? je vous joins une note pour vous expliquer l'extrême importance que j'attache à cette recommandation
cordialement
Jean-Pierre Martin-Vallas
PS: depuis plus de 10 ans, je me bats contre l’omerta de l’église catholique . Mon moyen de lutte est de rendre public nos échanges, que vous trouverez sur mon site : http://franklin2.canalblog.com
Recommandation no 30 : Mettre en place, au sein de l’Église, un processus d’éclaircissement des accusations portées en matière de violences sexuelles, lorsque l’auteur est décédé ou l’action publique éteinte
Les recommandations 28 et 30 portent sur les signalements de violences prescrites
Or les violences dîtes « prescrites » ne le sont absolument pas pour les victimes qui portent le poids de ce traumatisme depuis 20, 30 ou 50 ans et qui sont dans 50% des cas, incapables d'en parler à qui que ce soit même, à leur entourage le plus proche et pas à la Ciase ni à l’INIRR ou à la CRR.
Jean-Marc Sauvé, dans la présentation de son rapport en octobre 2021, a même dit qu'il était plus difficile à une victime de parler de son agression que de sauter du 2e étage de la tour Eiffel
Quand vous lisez l'annexe 32 du rapport de la CIASE intitulé « de victimes à témoins » vous comprenez très vite le niveau de souffrance actuel de ces victimes anciennes et prescrites, qu'il convient absolument d'aider à parler et à commencer un chemin de libération et de restauration
Je ne suis pas sûr que là recommandation 28 qui fait appel à la police et à la justice de l’État puisse être très efficace, vu les faibles ressources et moyens de ces institutions
Il revient donc à l’Église de mettre en place « un processus d'éclaircissement des agressions sexuelles ...lorsque l'auteur est décédé ou que l'action publique est éteinte »
Je vous rappelle que, toujours d'après le rapport de la CIASE, en moyenne chaque prêtre prédateur a fait environ 60 victimes. Or un prêtre prédateur est en général connu par là dénonciation d'une ou 2 victimes, rarement plus
La CIASE aborde comme suit cette question dans son rapport
- extrait du §0588 du rapport principal de la Ciase
« Toutefois, ce ratio mesure surtout le travail d’identification des victimes fait par l’Église pour chaque agresseur signalé. Il témoigne du fait qu’aucun travail d’enquête n’a été mené par l’Église à partir du dossier du prêtre ou du religieux signalé comme auteur de violences sexuelles, pour tenter de retrouver d’autres personnes qu’il aurait pu agresser. »
Mr Garapon, président de la CRR, prend la position qui suit :
- le 13/04/2022, le Monde a publié un article, que je vous joins, où Antoine Garapon, Pdt de la CRR, déclare :
« La CRR s’efforce aussi de pousser les congrégations à se lancer dans une recherche très active des victimes »,
Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, a lui même dit sur France Info, le 02/11/2021, deux choses marquantes sur ce sujet :
-la première, qu’il n'y avait que 1 à 2 % des victimes d'abus sexuels par des prêtres qui s'étaient fait connaître à la CIASE
- la deuxième ,il se demandait, à très juste titre, comment encourager les 98 autres % de victimes a parler, à se faire connaître
À ma connaissance il y a deux principales manières d'enquêter et d'encourager les victimes prescrites à parler
la première est de s'adresser à elles par courrier, individuellement, en s’adressant à chacun des enfants qui ont été côtoyés par les prédateurs. C'est ce qu'a fait Klaus Mertes sj, directeur du collège des jésuites de Berlin en 2010
la deuxième est de s'adresser aux médias dans la zone géographique ou a sévit le prédateur, c'est ce qu'a fait avec beaucoup de succès l'association « la parole libérée »
Je me permets donc de vous demander quelle suite pensez vous donner à cette recommandations 30 du rapport de la CIASE ?