À Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers

Mon frère,

Je viens de terminer la lecture de votre récent livre intitulé « Abus sexuels dans l'église catholique, du scandale aux réformes » Je l'ai lu et apprécié avec mes yeux de victime d'une agression sexuelle par un prêtre jésuite à l'âge de 8 ans, il y a presque 70 ans maintenant .

J'ai trouvé votre livre plein d'idées nouvelles et très intéressantes ; mais je voudrais me concentrer sur une seule, que vous développez dans votre paragraphe « un évêque a-t-il le droit de parler » en page 24 sur 49 de mon édition électronique .

Il s'agit de l'utilisation des mots « père et monseigneur », tel que préconisée et mise en place par l'église depuis des générations ; et comme vous le dites, en parfaite contradiction avec la parole de Jésus reprise dans Matthieu chapitre 23 verset 9.

En ce qui me concerne, j'ai passé 13 années dans une école de jésuite et je me souviens très bien que les jésuites nous expliquaient qu'il fallait les appeler « père » car nous avions un père, notre papa, qui devait nous apprendre la vie de ce monde ; tandis que le prêtre avait comme responsabilité de nous apprendre « le Royaume de Dieu » et que de ce fait il était lui aussi notre père. Comme d'évidence, le Royaume de Dieu était plus important que celui des hommes, le prêtre devenait plus important, ipso facto, que notre papa ; il avait donc tous les pouvoirs y compris celui d'en abuser .

En 2020 , j'ai interrogé 20 prêtres et religieux sur ce sujet et ai reçu 9 réponses qui ont été reprises dans un article du magazine Golias N°194, de septembre à octobre 2020 que je vous joins. Il en ressort que personne n'est farouchement accroché à cette dénomination .

Aussi je me permets de vous proposer de demander à la CEF de prendre une position très ferme sur l'arrêt de l'utilisation de ces mots « Père et Monseigneur » et le passage à l'utilisation du mot frère ou tout autre mot si vous en trouvez de meilleur.

Il me semble que cela permettrait aux fidèles de l'église catholique de voir une mesure concrète dans le sens du respect de la parole de Jésus, et qui a un avantage certain dans le domaine des abus sexuels des prêtres .

Cordialement

Jean-Pierre Martin Vallas

PJ article de Golias

PS: depuis plus de 10 ans, je me bats contre l’omerta de l’église catholique . Mon moyen de lutte est de rendre public nos échanges, que vous trouverez sur mon site : http://franklin2.canalblog.com