Intervention à le réunion d’information de la Ciase à Bastia le 05/10/2020
Bonjour,
Je m’appelle jean pierre Martin Vallas
j’ai été victime d’agression sexuelle de la part d’un prêtre jésuite il y a de nombreuses années, à l’âge de 8 ans.
J’ai échangé avec vous lors de la réunion de Dijon, et je voudrais préciser ma pensée à la suite des deux réponses des intervenants.
J’ai compris que vous attachiez une grande importance aux victimes, mais je suis particulièrement sensibilisé à la souffrance de ces victimes, dont la vie a été bouleversée, si ce n’est brisée, et qui vivent ce drame d’une manière d’autant plus affreuse qu’ils ne peuvent pas en parler.
Je suis très sensible à l’existence de ces victimes, dont la plupart sont prescrites, et qui ne peuvent pas parler ; je le suis parce que, sur les 30 victimes qui m’ont contacté personnellement à la suite de mes démarches ; 3 m’ont dit « Jean-Pierre , tu es la première personne à qui j’en parle » Ils avaient tout les trois entre 60 et 80 ans ! Tant d’années avant de pouvoir parler !
mais le 31/10 vous allez mettre fin à vos actions pour leur permettre de parler. Et vous serez très très loin d’avoir donné à toutes ces victimes l’occasion et l’envie de parler.
Il y a plusieurs manière de solliciter directement ces victimes et je vous en citerai deux :
- celle utilisée par le père Klaus Mertes, SJ, il y a 10 ans, directeur du collège jésuite de Berlin, quand 3 anciens élèves lui ont dénoncé les agissements pédo-criminels d’un jésuite de son collège. Il a envoyé 600 lettres à tout les élèves ayant été en contact avec ce prêtre , sans crainte du scandale qui s’en est suivi !
- celle utilisée par l’association LPL qui par le seul fait de sa notoriété médiatique a recueilli plusieurs centaines de témoignages de victimes.
Vous allez sûrement faire un très bon rapport sur le sujet de votre étude ; . mais j’ai très peur que la plupart des évêques de France s’empressent de mettre ce rapport au fond d’un tiroir. Alors je vous demande au moins d’obtenir que l’approche que vous avez auprès des victimes soit continuée après le 31/10, de manière pro active , quel qu’en soit la forme.
Merci