de Thierry Dobbelstein, socius des jésuites de France
Monsieur,
Vous évoquez notre conversation téléphonique du 7 février. Vous écrivez qu’elle était tendue. J’en suis désolé. Ce n’était pas mon intention. Cette conversation fut d’ailleurs très brève car vous avez rapidement raccroché en signalant que vous prendriez d’autres chemins.
En dehors des nombreux messages que nous avons échangés, je vous ai rencontré longuement à deux reprises. La première fois c’était en visioconférence et la seconde fois en présentiel. Il me semble vous avoir montré tout ce que je savais au sujet de votre agresseur, le P. Gilbert Lamande, grâce aux témoignages directs et indirects qui nous sont parvenus, grâce aussi à la deuxième consultation de toutes ses archives. Je vous ai aussi expliqué toutes les démarches que nous faisons de manière générale, pour accueillir les victimes, pour contacter des personnes individuelles (qui auraient subi des agressions, mais sans forcément recevoir des réponses de leur part), pour communiquer de manière plus large... Nos démarches concernent aussi la prévention avec des actions de sensibilisation aux questions d’abus et la formation des jésuites et de leurs partenaires. Après notre collaboration avec la CIASE (ces deux dernières années) c’est la collaboration avec la CRR (commission reconnaissance et réparation) qui est maintenant à l’ordre du jour. La semaine dernière nous avons rencontré longuement Mr Garapon et ses collaborateurs.
Visiblement tout cela ne vous suffit pas, puisque vous exprimez régulièrement des insatisfactions face à nos actions. Dans les rapports que vous faites de nos rencontres, bien peu de choses de ce que je vous partage sont relatées : vos rapports soulignent d’abord vos propres impressions et exigences.
Je vous témoigne simplement de l’effet négatif que cela produit sur moi. Mon engagement personnel pour faire la vérité sur les situations d’abus dont des jésuites se sont rendus coupables est pourtant bien réel. A titre d’exemple, ce vendredi 7 février, le jour où vous m’envoyez ce courriel, j’étais en contact avec une première personne victime, puis avec un groupe de trois autres personnes victimes. En outre, j’ai effectué des recherches en faveur d’une cinquième personne qui vient de nous adresser un courrier. Toutes ces activités restent notre priorité, et la mienne en particulier. Vous comprendrez peut-être que je puisse me montrer découragé quand vous revenez sans cesse avec des questions et exigences que je ne pourrai sans doute jamais satisfaire. En particulier, il ne m’est pas facile de lire cette phrase : « Ce n’est pas votre problème ! » Cela est tellement éloigné de la réalité.
Par ailleurs sachez que nous travaillons évidemment sur les recommandations de la CIASE et leur application. Et cela au quotidien !
Je vous présente mes salutations distinguées,
Thierry Dobbelstein sj